1968. Dans la pension où il coule des jours paisibles, un vieil abbé artiste peintre, reçoit une lettre qui aurait dû lui parvenir 30 ans plus tôt. Ses souvenirs se réveillent alors... Curé débutant à Paris dans les années 1920, il a mis en garde une de ses jeunes paroissiennes contre l'enfer conjugal dans lequel son ignorance risquait de la plonger. Mais, rattrappées par la hiérarchie, les velléités éducatives du jeune abbé se sont vite réduites à ressasser un dogme indépassable pour son église: "Le liquide fructifiant ne doit pas être détourné du vase féminin, tout le reste est fraude". 30 ans plus tard, la culpabilité, l'asservissement et finalement l'issue fatale auxquels il a condamné sa jeune paroissienne lui reviennent en pleine face.
D'emblée la lecture des lettres à l'abbé Viollet recueillies par l'historienne M Sévegrand (L'amour en toutes lettres / Albin Michel 1996) m'a bouleversé. Tant de détresse, tant de culpabilité sciemment entretenues au nom de la parole divine pour, en réalité, permettre à la France saignée à blanc par la guerre de 14 de reconstituer son armée, m'ont paru résumer en un raccourci saisissant pourquoi et comment une société donnée décide que la seule mission de la femme est de procréer. Un peu comme une archéologie de cette longue histoire de domination et d'injustice qui, après les suffragettes, S De Beauvoir, la pilule ou Mai 68, se poursuit aujourd'hui sous le nom de #Me Too... J'aurais pu alors en faire un docu de plus, mais le démon de la fiction m'a saisi à nouveau; et quand quelques amis comédiens ont dit banco, le train était lancé. Autoproduit pour 4000 euros, le film est brièvement sorti au Saint-André des Arts en avril 2022... la suite?
avec Didier Moreira, Romain Torrès, Sabine d'Halluin, Agathe Paysant
Vidéo, Couleurs et N et B, 83' 2021
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